Jeune dramaturge et metteuse en scène de 24 ans , Aurélie Kavafian a présenté les 2,3 et 4 juin 2008 sa première pièce « La Jeune Fille Entre Autres », à l'Aire Falguière (Paris 15è). Une comédie absurde fondée sur une gigantesque mise en abyme menée avec brio.
Mélisande Guessoum, comédienne principale de la pièce y joue une metteuse en scène,égarée, délurée, qui, tout au long de la pièce est en quête d’un personnage à qui elle voudrait donner forme. Aidée par des acolytes plus loufoques les uns que les autres, elle poursuit sa reflexion sur ce personnage complexe qui n'existe pour l'instant que dans son intellect. Elle rêve d'un personnage sincère, touchant, avec une histoire, des failles, des attentes, des envies, des différences, des incompréhensions, en somme une jeune fille humaine et sincère qui peine à trouver sa place et le sens de son existence. Au fur et à mesure de sa quête, la metteuse en scène, vêtue d'une jupe de papiers noircis de texte , s'égare jusqu'à nier le monde qui l'entoure.
A travers un dialogue savamment écrit, Aurélie Kavafian n’hésite pas à se mettre à distance d’un texte philosophique abstrait. "Intellect sors de cette pièce » crie la metteuse en scène pour casser cette pesanteur des mots. Les 5 personnages qui l'aident dans sa quête vaine semblent survenus de nulle part, émergeant du public dont l'existence même est remise en question.
La pièce est un immense capharnaüm entre identité, quête de soi, existence et non existence. On se demande qui existe vraiment, qui cherche qui, qui se sait, qui sait l'autre, quel sens peut on trouver à quoi, à qui..et au milieu de ce chaos charmant et drôle auquel le public est mêlé, convié, entraîné, il y a cependant une cohérence. Aurélie Kavafian cherche un sens à travers l’absurde et cette reflexion transparaît de bout en bout de la pièce. Elle explique la difficulté d’exister différement dans une société aux mille et une névroses, la difficulté de se trouver soi mais aussi la beauté de cette quête.
Il faut saluer la performance de Mélisande Guessoum qui tient quasiment à elle seule la pièce. Une interprétation juste et ennivrante dont elle sait se dégager par le rire. Mélodies au piano, danse, chant donnent à cette pièce une touche colorée et aérienne.
Une première pièce qui pose les jalons d’un style kavafien décidément hors du commun.
Gaëlle Borgia
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