dimanche 9 décembre 2007

Dans l'antre de l'ange Burial

Surprenant. C’est rare qu’un morceau s’empare de moi, de mon esprit, de mes sens. C’est pourtant le cas de « Archangel ». Premier titre de l’album Untrue de Burial. Sample d’une voix RnB banale d’un artiste quelconque Ray J. Dans « Archangel », Burial lui donne un sens qu’on n’attendait plus. La voix est destructurée, lointaine, imposante : « Holding you, good at being alone, tell me I belong ». Amour et solitude. Solitude dans l’amour et amour dans la solitude. Je suis emportée dès la première écoute. Plus de retour en arrière possible. On se réfugie dans cet espace froid, invisible, « untrue », faux. Burial n’existe pas. Pas d’images, pas d’interviews. Rien. Et ce rien est apaisant.



« once upon a time it was you I adored ». Amour des bas fonds. Amour enfoui, rêvé, englouti. Burial c’est la crasse urbaine qui devient pépite. C’est la tristesse sans borne de la nuit industrielle qui renait de ses cendres. C’est l’art qu’on est allé cherché là où plus personne ne veut aller. Burial nous emmène dans ses arrières cours. « thank you » écrit-il. Fond noir. Décombres. Ordures. Un sol ravagé. Voila ce qu’on trouve en ouvrant la pochette. Mais on s’accroche au « thank you » et à cette lueur qui surplombe la photo. On nous remercie d’être arrivé jusque là. De l’avoir suivi dans ses retranchements. Il a fallu aller déterrer la perle musicale derrière la noiceur âpre. Les rayons de soleil dardent au loin au dos de l’album au dessus d’une ville noire. Rythmes 2 step, dubstep sur des basses fondamentales. Des voix d’outre-tombe. A-t-on vraiment envie de savoir de quel genre de musique il s’agit ?On remet au début. Deux fois, trois fois. Jusqu’à la lassitude. Mais elle ne vient pas.

Gaëlle Borgia
Burial – Untrue 2007 / Label Hyperdub, Cargo Records

jeudi 25 octobre 2007

Amy Winehouse coule Le Zénith


Les sièges rouges du Zénith de Paris se noircissent de monde. Il est 21 heures. La fosse accueille déjà depuis plus d’une heure une foule fébrile. L’excitation de l’attente est palpable. Un stand de boissons fraîches est planté au milieu de la fosse pour apaiser les plus impatients déjà assoiffés.
Une centaine de cannettes vendues plus tard, il est 21h30, la lumière jaune-orangé éclairant la salle devient bleutée. L’agitation se ressent depuis les gradins. La fosse bouillonne. A présent une douce lumière feutrée donne à voir un décor rouge vif qui rappelle les cabarets des années 60. Des lampadaires rouges sont placées de part et d’autre des musiciens. Tous vêtus d’un costume noir, les neuf choristes et musiciens entrent en scène et entonnent sans tarder le premier morceau. Le nom d’Amy Winehouse trône en grosse lettres au dessus de leurs têtes, suspendu à un immense rideau bleu au fond de la scène.


L’entrée d’Amy Winehouse est d’une simplicité désarmante. Un corps filiforme dans une mini-robe aussi serrée que courte, haut perchée sur des talons, Amy Winehouse arrive péniblement au micro. Le public est conquis dès les premières poussées de voix. La chanteuse ne cherche pas à séduire. Entre deux couplets, elle va et vient sur la scène entre son guitariste, son verre de vin, son cocktail et sa guitare. Elle est dissipée. Elle ne s’applique pas, fait des aller retours dans les coulisses pour réajuster sa robe, ses cheveux, son foulard malencontreusement tombé. Déconcentrée, elle passe son temps à prendre sa guitare, la poser, la reprendre, puis la poser. Elle s’entête à vouloir jouer des accords qu’elle ne connaît pas. Son guitariste lui donne un cours improvisé sur scène pendant que les choristes s’égosillent.
Les musiciens ne se laissent pas déconcerter par la désinvolture de leur chanteuse. Ils mènent ce radeau à la dérive pendant une heure trente et s’en sortent. Amy Winehouse n’est pas inquiète. Sa voix est sa bouée. Mais elle ne parvient pas à embarquer les fans les plus aguerris sur son radeau.
Gaëlle Borgia